Un Dieu qui se révèle – Œuvre n°11

Panneau de revêtement mural: procession de la communauté arménienne à Ispahan

(Ispahan, Iran, Vers 1650-1700)

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« Que tous soient UN comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient UN en nous, eux-aussi afin que le monde croie que tu m’as envoyé. »

(Évangile selon Saint Jean 17, 21)

ENTRÉE

La présence des chrétiens en Orient remonte à l’époque des premiers disciples du Christ. C’est ainsi qu’ils portent en eux des traditions et des usages très anciens. À certaines périodes, ils connurent des persécutions, furent déportés ou forcés à s’installer dans des pays voisins. Ce fut le cas d’une communauté d’arméniens qui, exilés suite à la politique de l’empire perse, se fixa vers 1605, à Ispahan, dans le quartier de la Nea Julfa, au sud de la rivière qui traverse la ville.

À la différence des églises d’Occident qui fêtent Noël le 25 décembre, les églises chrétiennes d’Orient célèbrent la naissance de Jésus et la venue des mages conjointement à celle de son baptême dans le Jourdain, le 6 janvier, jour de l’Épiphanie, grande et unique fête de la manifestation du Christ au monde.

LECTURE DE L’ŒUVRE

Le décor en céramique pourrait provenir d’une église du quartier de la Nea Julfa. Selon une hypothèse vraisemblable, on peut penser que cette œuvre représente une procession appelée « baptême de la croix ». Cette cérémonie se déroule à la suite d’une messe, célébrée la veille au soir du 6 janvier à l’intérieur de l’église, et au cours de laquelle le célébrant bénit l’eau d’un grand bassin en métal et y plonge la croix de l’autel. Ces chrétiens honoraient ainsi le baptême de Jésus qui nous rejoint dans notre humanité et nous permet de vivre de sa vie. À la suite de l’office, les prêtres et les diacres, toujours revêtus de leurs ornements, portant encensoir, croix et oriflammes marchent en procession jusqu’à la rivière voisine ou à l’étendue d’eau que l’on va bénir de la même manière qu’à l’église. Ils sont rejoints par le clergé d’autres églises. Des princes mahométans ne dédaignent pas d’y assister.

Sur fond bleu d’une nuit pleine de la clarté divine, l’image fixe cet instant où le célébrant, entouré du clergé, descend comme Jésus au Jourdain, dans les eaux préalablement bénites et y plonge la croix. Le tintement de la cloche de l’église convoque les fidèles.

Les couleurs ocre, jaune et verte, le sourire des visages barbus et finement dessinés évoquent la lumière, la vie et la joie. Tandis qu’ils semblent venir à la rencontre les uns des autres, les mains et les regards sont tournés vers la croix ou vers le ciel, ouverts à l’invisible d’une présence, source de leur joie et de la communion entre eux.

ÉCHO SPIRITUEL

En regardant ce panneau, qu’est-ce que je découvre de l’Église ?

• Sur la droite, un bâtiment bien sûr : j’aime y entrer, comme ce petit personnage, m’y recueillir, prier, célébrer. Mais il est l’image d’une autre réalité.

• Sur la gauche, le peuple des baptisés, en marche dans l’histoire, présence du Christ, de sa vie et de son amour pour tous les hommes. Dieu nous sauve en peuple, jamais seul.

• Au-delà de l’Église visible, son mystère de communion universelle dans l’amour de Dieu. Est-ce que je me sens participant de ce mystère de l’Église, malgré les fautes ou les infidélités de ses membres (moi compris) ? Comment y prendre mieux ma place ?

D’UNE ŒUVRE A L’AUTRE

Suivre le Christ, c’est un chemin en Église. Mais c’est aussi l’approfondissement d’une relation intérieure et personnelle avec lui. La réforme catholique de la fin du XVIe s. va développer cette dimension. Pierre de Bérulle en est un témoignage. Allons le rencontrer, représenté de façon monumentale par Jacques Sarazin.

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