Suzanne au bain
Jacopo Robusti, dit Tintoret, 1550
«Mieux vaut pour moi tomber innocente entre vos mains que de pécher à la face du Seigneur»
(Livre de Daniel 13, 23)
ENTRÉE
Jacopo Robusti, dit le Tintoret, a peint le tableau en 1550 à Venise où il a passé toute sa vie (1518-1594).
Cette scène de Suzanne au bain est relatée dans la Bible, au Livre de Daniel. Elle remonte au temps où le peuple d’Israël était en déportation à Babylone. Suzanne, épouse de Joachim, fait partie de cette communauté juive en exil. Ses parents l’ont élevée dans le respect de la loi de Moïse. C’est une femme de grande beauté.
Un jour qu’elle se rend au bain dans son jardin clos, elle est épiée par deux vieillards qui veulent abuser d’elle, attendant que les deux suivantes soient parties. Elle résiste à leurs avances. Pour se venger, ceux-ci veulent la condamner par de fausses accusations. Le jeune prophète Daniel, en confondant les deux vieillards, la sauvera.
LECTURE DE L’ŒUVRE
La composition et les couleurs du tableau contribuent à capturer notre regard.
Il y a d’abord l’aspect lisse de la peau blanche de Suzanne qui contraste avec le vêtement rouge de la servante; il en ressort une impression de séduction.
C’est aussi le but de l’allée d’arbres qui relie le regard des deux vieillards, en haut du tableau, à la jeune femme qui ignore leur présence. Au premier plan, deux espaces se présentent à nous : celui de la lumière irradiée par Suzanne et celui d’une noirceur qui se dégage de la mare, sous les deux voyeurs comme une expression de leur âme ténébreuse. Suzanne nous regarde comme si elle invitait à nous situer.
ÉCHO SPIRITUEL
Cette jeune femme témoigne d’une remarquable droiture qui vient de sa fidélité à la loi religieuse de Moïse; elle a choisi la vérité, la fidélité, et elle l’exprime elle-même dans le récit biblique : « Dieu éternel, toi qui connais les secrets, toi qui connais toute chose avant qu’elle n’arrive, tu sais qu’ils ont porté sur moi un faux témoignage, et voici que je meurs, innocente de tout ce que leur malice a forgé contre moi ». (Daniel 13, 43).
Son choix courageux me questionne: « Quel chemin vas-tu choisir, celui des ténèbres ou celui de la lumière ? »
D’UNE ŒUVRE A L’AUTRE
Rien de la vie d’un juste n’est perdu devant Dieu. Cette foi est commune à de nombreuses religions. Faisons un crochet par une œuvre issue de la foi musulmane : le décor de la porte d’entrée du mausolée d’un sultan ottoman (XVIe s.).
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