par Félix Lecomte, commandé avant 1786
« De nouveau, Jésus parla (…) : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. » »
(Evangile selon Saint Jean 8, 12)
ENTRÉE
En 1749, d’Alembert rédige le Discours préliminaire de L’Encyclopédie, considéré par beaucoup comme une sorte de manifeste de l’esprit des Lumières. L’auteur y relie étroitement l’idée du progrès social et humain à celle du progrès des connaissances et de la science. Peu à peu, au salut religieux, se substitue dans l’esprit moderne la perspective d’un salut interne à ce monde, fruit du pouvoir de la raison humaine.
LECTURE DE L’OEUVRE
N’avez-vous pas l’impression de surprendre le savant en plein travail ? Le front plissé, la tenue négligée : nous ressentons la puissance intellectuelle de cet homme engagé dans une œuvre colossale. Les cheveux en arrière découvrent un large front, accentuant l’idée d’érudition et de connaissances accumulées. Toutefois son sourire est accueillant. Nous ne semblons pas le déranger. Voilà un homme qui semble satisfait de son œuvre : le progrès qu’il a conscience d’apporter au genre humain le rend sans doute heureux.
Le bras gauche est appuyé sur une colonne tronquée. Mais la main en s’y agrippant, chiffonne des feuilles. Est-il sur le point de se lever, comme semble le suggérer le mouvement des jambes ? Se posant sur les savoirs du passé, son travail ne fige pas les connaissances. Il est au contraire un élan vers des temps nouveaux. Le compas en main, l’homme mesure le monde, la nature, affirmant ainsi le pouvoir de l’esprit humain capable de percer tous les secrets de l’univers. Sur le sol, un livre est ouvert. En nous approchant, nous découvrons le titre de la page : « Discours préliminaire de l’Encyclopédie ». D’Alembert y consigne ce que la statue nous exprime de lui, de son œuvre et de son optimisme quant au progrès de l’homme. Cette colonne, loin d’être un symbole du passé, ne figurerait-elle pas la base du temple de la raison humaine ?
ECHO SPIRITUEL
Cette statue à la gloire de d’Alembert exalte la confiance de l’homme en lui-même, la joie d’éprouver sa propre force. Le développement scientifique et technologique peut faire croire que l’humanité a le pouvoir de son propre salut. Il suffirait de combattre son ignorance, d’élever son niveau de connaissance, pour que l’humanité accède à sa totale liberté et à sa prospérité. N’est-ce pas encore l’une des convictions de notre culture actuelle ? Pourtant, le doute gagne peu à peu les consciences. Bouleversements climatiques, accroissement des inégalités, éclatement des solidarités traditionnelles, etc. : cet idéal se heurte à notre impuissance à maîtriser le progrès et à le mettre au service de tous. Beaucoup choisissent de se replier sur leur petit cercle ? Et moi, est-ce la peur ou la confiance qui m’habite ?
L’obscurantisme n’est pas dû qu’à notre ignorance, mais aussi à notre incapacité à combattre seuls notre propre égoïsme. Foi et raison ne se contredisent pas. Le pouvoir de Dieu ne s’oppose pas à celui des hommes. Au contraire, il soustrait nos cœurs à l’emprise du mal pour libérer toutes nos potentialités d’amour. Confiance… Il a vaincu pour moi les ténèbres. Il est LA lumière.