La Déploration du Christ

Elément de retable

(Anvers, Belgique, vers 1515-1520)

déploration du christ

 

« Jésus leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. » »

(Évangile selon saint Jean 17, 1-2)

ENTRÉE

Le thème de la mort et de la Passion du Christ envahit l’art sacré à la fin du Moyen Âge. Nous le retrouvons dans ce fragment de retable anversois. Anvers et le Brabant sont au début du XVIe siècle une région qui produit de nombreux retables en bois sculpté et peint, souvent très lyriques et dont le grand succès se traduit par l’exportation de panneaux dans toute l’Europe du Nord et de l’Est.

Ce groupe sculpté donne à contempler la Déposition du Corps du Christ, sa mise au tombeau. Le corps va être enseveli. Nous sommes à la veille de la fête juive de la Pâque.

LECTURE DE L’OEUVRE

Sur ce fragment de retable, la douleur s’exprime de façon retenue ; l’atmosphère est recueillie. Les acteurs et témoins rassemblés nouent, par leur regard et leur attitude, une certaine intimité avec leur Seigneur, mais avec des tonalités différentes. Le cadavre de Jésus s’abandonne, le bras droit pend, naturellement, les plaies sèchent déjà, le corps s’offre à qui veut l’accueillir, le recevoir.

137 retable anvers - josephJoseph d’Arimathie, qui a obtenu de Pilate l’autorisation d’ensevelir le corps de Jésus (d’après l’Évangile selon saint Jean 19, 38-42), soutient le corps du Christ. Marie-Madeleine se frappe la poitrine et tient un linge devant son visage défait. En retrait, saint Jean intériorise sa douleur et déjà, sans doute, se remémore et médite la sagesse divine reçue de la part de son ami.

137 retable anvers - marieLa Vierge Marie est au centre. En lien avec l’époque, l’artiste privilégie la Vierge de Douleur. C’est à l’occasion de la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple qu’un vieillard du nom de Siméon prophétisa, en s’adressant à la Vierge Marie : « Vois ! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction, et toi-même, une épée te transpercera l’âme… » (Évangile selon saint Luc 2, 34-35). Telle est l’annonce de la douleur de la Vierge Marie devant le cadavre de son Fils. Sur ce retable, elle reste pourtant debout, certaine de sa foi. Elle sait, plus que les autres personnages, que « le Sauveur, en mourant, a fait mourir la mort même » (Saint Augustin, Sermon sur le Psaume 63) et attend la Résurrection.

ECHO SPIRITUEL

Pourquoi Jésus a-t-il subi une mort si cruelle ? Il a été rejeté et condamné par les autorités religieuses de son peuple puis, lâchement, par l’autorité politique romaine. Mais pour Lui, la Croix devient le moyen de manifester l’absolu de l’amour de Dieu. Il accepte de donner librement sa vie en rejoignant intimement nos humanités les plus souffrantes.

Par intérêt personnel et égoïste pour leurs carrières ou leurs idées, les hommes déchaînent la violence contre l’innocence pure venue les aimer. Pour les chrétiens, la Croix n’est pas une défaite de Jésus, mais la victoire de son amour sur la mort, sur le péché et sur Satan. Le mystère de sa Résurrection révèle que sa mort nous a ouvert un passage dont Pâques célèbre chaque année la fête. Le corps de Jésus est glorifié ; bientôt ce sera le nôtre : Il nous entraîne derrière Lui dans la vie éternelle.

Les images de la mort sont largement orchestrées par notre époque. Mais, soit nous fuyons avec horreur la présence concrète de la mort, soit nous tentons de la maîtriser. À la suite du Christ, suis-je prêt à offrir ma vie pour entrer dès maintenant dans la vie éternelle ?