Le Balafré

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Monstre recouvert d’écailles dit « le Balafré » : génie protecteur

Bactriane, civilisation de l’Oxus (Afghanistan actuel), vers 2700 avant J-C.

 

« Écoute, mon peuple, je parle ; Israël, je te prends à témoin. Moi, Dieu, je suis ton Dieu ! (…) Si j’ai faim, irai-je te le dire ? Le monde et sa richesse m’appartiennent. Vais-je manger la chair des taureaux et boire le sang des béliers ? Offre à Dieu le sacrifice d’action de grâce, accomplis tes vœux envers le Très-Haut. Invoque-moi au jour de détresse : je te délivrerai, et tu me rendras gloire. »

(Psaume 49 (50), 7. 12-15)

 

ENTRÉE

Le « Balafré », mi-homme, mi-dragon est une statuette en pierre aux couleurs contrastées provenant sans doute de la Bactriane, région située en Asie centrale. Entre 2500 et 1800 av. J.-C., au long du fleuve de l’Oxus, une production de grand luxe s’y serait développée, non loin de cultures orientales florissantes (Mésopotamie, Elam, Indus…).

LECTURE DE L’OEUVRE

Œuvre assez énigmatique, le monstre maléfique à la peau de reptile incarne la rudesse de l’hiver. Il empêche la nature de prospérer. Dans le vase qu’il serre sous le bras, il en retiendrait les eaux souterraines bienfaisantes. Son allure massive et musclée, ses poings serrés, la corne supposée du front expriment une force, une agressivité et même une brutalité qui semblent retenues, rentrées.

Selon la mythologie de cette région d’Asie Centrale, la grande déesse en colère, doit l’affronter pour que la nature renaisse. La balafre qu’elle lui inflige en travers du visage et l’emplacement présumé d’un clou sur la bouche constituent la trace de sa domination victorieuse. Ainsi maîtrisé, l’homme-dragon est transformé en génie bienfaiteur.

ECHO SPIRITUEL

Ce personnage pourrait trouver aujourd’hui sa place dans un de ces mangas qui peuplent nos écrans.

Aujourd’hui comme hier, face aux forces sauvages de la nature, l’être humain fait l’expérience de sa petitesse, sa précarité et de son impuissance. Il projette dans des figures divines et héroïques son désir de maîtriser les forces invisibles, parfois indomptables de la nature et cherche à conjurer son angoisse.

Le petit peuple de la Bible, affronté aux mêmes difficultés environnantes, fait le récit de sa rencontre inouïe avec un Dieu tout autre, différent de ses créatures. Cela ne l’empêche pas pourtant de se montrer proche de nous. Il nous invite à prendre notre part de responsabilité dans la gestion de ce monde, tout en nous offrant son amour et la force de son Esprit.