Madeleine à la veilleuse

165 madeleine a la veilleuse - g de la tour - 1

Georges de La Tour (1593-1652),

vers 1640-1645

« Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ. »

(Lettre de Saint Paul aux Ephésiens 2, 4-5)

 

ENTRÉE

165 madeleine a la veilleuse - g de la tour - busteGeorges Dumesnil de La Tour, généralement appelé Georges de La Tour, est un peintre français né en Lorraine. Artiste au confluent des cultures nordique, italienne et française, La Tour est un observateur pénétrant de la réalité quotidienne. Son goût prononcé pour les jeux d’ombre et de lumière fait de lui l’un des continuateurs les plus originaux du Caravage.

Marie-Madeleine est un personnage des Évangiles : dans un village de Palestine, elle a rencontré Jésus, qui l’a guérie et lui a offert son pardon et son amour sans condition. Dans la mystique du  XVIème siècle, Madeleine représente le pécheur, habité par la force du repentir, qui s’élève jusqu’à Dieu par un pur mouvement d’amour.

 

LECTURE DE L’OEUVRE

La scène représente, dans une pénombre brune, légèrement lumineuse, une jeune femme immobile, silencieuse, le regard et le geste méditatifs. Celle-ci est vêtue avec simplicité, l’épaule est dénudée, marque de sa vie passée.

Au point focal de la scène, la flamme d’une lampe à huile rayonne sur le visage, le corps et les vêtements de Marie-Madeleine. Cet ensemble est unifié par la courbe de la chevelure prolongée par celle du bras. Il se referme avec le bras gauche. La main droite est posée sur un crâne, symbole évoquant, au XVIIème siècle, la précarité et le vide (la vanité) de la vie humaine.

Proche de la flamme, le feuilleté de la tranche de deux livres – les deux testaments – se reflète dans l’huile qui alimente la chandelle. La Parole est source de lumière. Une simple croix en bois, la croix du Christ, luit au bord de la table. Sur elle est posé un instrument de pénitence, trace du remords de l’errance passée.

L’absence de décor, les lignes et les formes simplifiées à l’extrême mettent en valeur la méditation intérieure et renforcent la paix qui émane du tableau.

ECHO SPIRITUEL

Depuis le matin de la Résurrection, Marie-Madeleine cherche Celui qui est devenu son unique amour mais elle ne peut plus l’approcher de la même manière. Son lien avec Jésus est appelé à se purifier dans le creuset du silence, de la distance ou de l’absence, appelé à s’intérioriser.

Dans la nuit de cette épreuve, la flamme de l’amour qui l’unit à son Seigneur continue de brûler, parfois vacillante. Alimentée par la Parole des Écritures, puisée dans la folie de l’amour du Christ en croix, cette flamme l’illumine, la purifie, l’unifie.

Le silence intérieur et le recueillement la portent à l’essentiel, l’amènent à une juste distance des choses de la vie, la gardent en paix alors même qu’elle a touché à la tragédie de la mort de l’être aimé suivi de l’inouï de la sa résurrection.

Les nuits que j ‘ai traversées, les épreuves qui ont marqué mon existence ont pu modifier ma façon d’accueillir la vie ; peut-être ont-elles transformé mon regard et mon attachement à Dieu, m’ont-elles changé et re-créé ? Pour passer et dépasser les nuits, ai-je su ou saurais-je compter sur le Christ « qui m’a aimé et a livré sa vie pour moi » ? Quel est le grand amour qui soulève ma vie ?