Roland Furieux

1867 – Sculpture en bronze de Jehan Du Seigneur (1808-1866)

Roland Furieux

 

« Comme Jésus sortait de la barque, aussitôt, un homme possédé d’un esprit impur s’avança depuis les tombes à sa rencontre ; […] On l’avait souvent attaché avec des fers aux pieds et des chaînes, mais il avait rompu les chaînes, brisé les fers, et personne ne pouvait le maîtriser. […] Jésus lui disait : « Esprit impur sors de cet homme ! » »

(Évangile selon Saint Marc 5, 2.4.8)

 

ENTRÉE

La pièce originale en plâtre de cette sculpture a été présentée par Jehan Du Seigneur au salon parisien organisé au Louvre en 1831. À cette occasion, les visiteurs ont été impressionnés par le mouvement et la violence de la scène.

La sculpture en bronze postérieure à la mort de son artiste, réalisée en 1867, nous est, ici, présentée.

Roland Furieux ou Orlando Furioso est un roman, écrit par l’Arioste (1474-1533). Ce poème parodie les romans chevaleresques du Moyen-Age. Le récit se situe à l’époque de Charlemagne, Roland étant son neveu.

LECTURE DE L’OEUVRE

Cette oeuvre se réfère au chant 39 du poème. Des versets 54 à 60, ce chant raconte les ruses de ses amis pour lui administrer le remède qui le guérira de sa folie d’amour. Au fil de l’histoire, Roland tombe sous le charme d’Angélique et se détourne de la mission qui lui a été confiée. La trahison de celle-ci le plonge dans une douleur telle qu’il en vient à perdre la raison et à détruire tout ce qu’il trouve sur son passage. Ses amis cherchent alors à intervenir. Afin de maîtriser sa puissance herculéenne, ils n’ont pas d’autre choix que de conjuguer leurs forces pour le lier avec des cordes.

Nous découvrons ainsi Roland furieux : les yeux sont exorbités et hagards. Les sourcils froncés, il grimace. Les cheveux au vent insistent sur le mouvement violent, sans doute répétitif. La musculature est saillante manifestant sa fureur.

Sa puissance est concentrée plus particulièrement sur les liens qu’il a aux mains. Il les tire en essayant de se délivrer avec toute sa force. Pourtant, ne serait-il pas plutôt en train de resserrer son attache ? Son mouvement est complexifié par les liens aux pieds. Ses genoux reposent sur son casque ; la lame de son épée est à ses pieds, inaccessible.

ECHO SPIRITUEL

Nous voici devant l’esprit humain tel qu’il est lorsqu’il est aliéné, qu’il est hors de lui-même. La raison n’a plus prise sur lui, son comportement a perdu toute rationalité. Nous en connaissons souvent les sources : un traumatisme, une douleur, une panique, une jalousie…

La Bible nous confronte souvent à cette violence qui surgit du plus profond de nous-même et nous plonge dans un chaos qui affecte notre entourage et, plus largement, la société.

Dans le fantasque du poème de l’Arioste, une belle vérité nous est révélée : c’est la force de l’amitié qui sauve Roland. Elle puise sa source dans la miséricorde de Dieu pour celui qui s’est égaré.