Poème en langue babylonienne : dialogue entre un homme et son dieu
Région de Babylone, Mésopotamie, Iraq actuel, 1800-1600 avant J.-C.
« Écoute mes paroles, Seigneur, comprends ma plainte ; entends ma voix qui t’appelle, ô mon Roi et mon Dieu ! Je me tourne vers toi, Seigneur, au matin, tu écoutes ma voix ; au matin, je me prépare pour toi et je reste en éveil. Tu n’es pas un Dieu ami du mal. »
(Psaume 5, 3-5a)
ENTRÉE
Dans la religion babylonienne de l’époque du roi Hammourabi, l’obéissance aux directives des dieux est la clé de la prospérité. À l’inverse tout malheur doit toujours avoir une cause divine, et donc correspondre à une punition. Qu’il en ait conscience ou non, celui qui souffre a nécessairement contrevenu à une volonté des dieux. Les rites et les prières seront le remède pour toucher le cœur du juge divin et obtenir sa grâce. Ces prières peuvent prendre des tonalités très personnelles.
LECTURE DE L’OEUVRE
Voici comment est introduit le poème : « Un jeune homme implorait son dieu comme un ami… Son fardeau était trop lourd pour lui… ».
Le dieu lui répond : « Que ton cœur ne soit plus mauvais… Tu as goûté à la détresse retenue sur toi peu de temps ; lorsque tu eus porté ce lourd fardeau, on t’a remis en liberté… ta route est libre… Désormais, n’oublie plus jamais ton dieu, ton créateur. Je suis ton dieu, ton créateur, ton secours… Ne sois plus endurci… Donne à manger à qui a faim, à boire à qui a soif… Que le mendiant gisant goûte à ta nourriture, la consomme et l’emporte… La grande porte du bonheur t’es rouverte : rentres-y librement, sois en paix. »
Ce texte, antérieur de quelques siècles aux psaumes bibliques, résonne pourtant familièrement avec ces derniers. La sagesse multiséculaire du Moyen-Orient ancien fournit quantité de thèmes littéraires et spirituels à la foi d’Israël. Pourtant, sur cette base, la Bible apporte une lumière différente qui va permettre de franchir des seuils nouveaux. Le peuple de la Bible entre dans ce questionnement de la souffrance et du mal, non pas depuis le désastre d’une grandeur perdue, mais à partir d’une relation d’amour avec YHWH, ce Dieu qui est au-dessus de tout nom et qui a fait alliance avec le petit peuple d’Israël.
ECHO SPIRITUEL
Dans cette Galerie du temps, nous vous proposons une traversée de l’histoire de la révélation divine. L’ancienneté de ce texte nous le rappelle : depuis que l’homme est homme, il cherche des réponses aux questionnements de l’existence. Il s’affronte en particulier à la tension entre son désir de bonheur et la réalité du mal, de la souffrance et de la mort. N’est-ce pas ma propre situation aujourd’hui encore ? En cherchant des réponses, n’est-il pas vrai que j’interroge mes conceptions de Dieu ?
Au long de l’histoire de l’humanité, Dieu permet à ceux qui l’accueillent de franchir des seuils au travers desquels il se dévoile peu à peu à la fois comme le Tout Autre et le tout proche. Les œuvres de cette Galerie du temps témoignent à leur façon de cette pédagogie de Dieu. Suis-je disposé à accueillir ce qu’elles ont à me transmettre ?
Si je priais un instant que cet itinéraire dans le Louvre-Lens puisse m’aider à franchir moi aussi un seuil, le mien, personnel, dans l’accueil de Dieu et ma confiance en lui ?