Un Dieu qui se révèle – Œuvre n°12

Cénotaphe du cœur du Cardinal Pierre de Bérulle (1575-1629), 1653-1657

Marbre

Jacques Sarazin, Noyon (Oise), 1592 – Paris (France),1660

164 - Bérulle - Sarazin profil

« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes […] il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté: il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers. »

(Lettre de Saint-Paul aux Philippiens 2, 5…10)

ENTRÉE

Pierre de Bérulle (1575-1629) est un homme d’Eglise présent aux réalités et aux combats de son temps. Il fonde la congrégation de l’Oratoire destiné à former le clergé séculier, notamment sur le plan théologique et spirituel. Il est nommé cardinal par le pape Urbain VIII à la demande de Louis XIII dont il fut le précepteur. Il favorisa l’implantation en France de la réforme du Carmel.

Vingt-trois ans après son décès, l’abbé Edouard Le Camus commande un monument funéraire (« cénotaphe ») de Pierre de Bérulle dont les écrits sont à l’origine de sa conversion. Cette stèle, réalisée dans le style baroque par le sculpteur Jacques Sarazin, est alors élevée dans la chapelle sainte Marie-Madeleine chez les Carmélites de la rue saint Jacques à Paris. Pierre de Bérulle vouait une grande dévotion à cette sainte.

LECTURE DE L’ŒUVRE

Ce volumineux monument en marbre blanc représente le Cardinal en train de se prosterner à genoux légèrement penché vers l’avant, et tenant dans une main la barrette qu’il vient d’ôter de la tête. Il semble en mouvement, ce qui allège un peu l’ensemble de l’œuvre.

Son visage est tendu vers la représentation de la conversion de Marie-Madeleine par le peintre Charles Le Brun, comme le suggère d’ailleurs la scénographie du Louvre Lens en fidélité à la présentation originelle dans la chapelle du Carmel. Nous ressentons la ferveur qui soulève cet homme, tandis que le manteau aux nombreux plis légèrement courbés et surmonté d’une cape laisse entrevoir un habit sacerdotal en dentelle qui rappelle sa fonction.

Sur la face antérieure du socle figure en bas-relief l’écusson aux armes du Cardinal porté par deux Renommées, des divinités allégoriques personnifiant la reconnaissance publique ou sociale. L’épitaphe rédigée en latin par l’abbé Le Camus souligne sa « très haute piété » et une vie « illustre par l’abondance et la plénitude de la sainteté ».

Sur une face latérale est représentée la scène du sacrifice de Noé signifiant l’ancienne alliance entre Dieu et tous les êtres vivants (Livre de la Genèse 8). Sur la face opposée : une messe, renvoyant à la nouvelle alliance du Christ offert à tous dans sa mort et sa résurrection.164 - Bérulle - bas-relief - Sacrifice de Noé

ÉCHO SPIRITUEL

Au centre de la spiritualité des prêtres de l’Oratoire, Bérulle avait mis le Christ, le « Verbe incarné ». Il inventa une méthode pour prier : garder Jésus sous les yeux, dans le cœur et dans les mains. C’est en partie ce qui nous est restitué dans la contemplation de la statue, son visage exprimant sa dévotion et ses mains se croisant sur le cœur. A ses côtés, méditons et, comme le disait Bérulle, « adhérons » à la personne du Christ.

D’UNE ŒUVRE A L’AUTRE

Ce recentrement de la spiritualité catholique sur la personne de Jésus-Christ et son humanité va marquer la France du XVIIe s. comme en témoigne la représentation du « Christ en croix » par Pierre Puget. Nous vous invitons à vous en approcher.

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