Un homme qui se découvre – Oeuvre n°5

Tête d’ange

Fragment du décor du Jugement Dernier de la Basilique de Torcello

Venise, Italie, vers 1050-1100

96 tete dange - basilique de torcello

« Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu aux plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! » »

(Évangile selon Saint Luc 2, 13-14)

ENTRÉE

Cette tête d’ange de style byzantin date de la fin du XIe siècle ; elle fait partie de la mosaïque du tympan oriental soutenant l’arc triomphal de la basilique Santa Maria Asunta, à Torcello, une île de la lagune de Venise. L’ensemble de la mosaïque monumentale représente le Jugement dernier. Le fragment prélevé correspond à la tête de l’un des anges figurant derrière le tribunal des apôtres.

Les anges sont omniprésents dans la foi et l’art du Moyen Age. Leur rôle est multiple. Serviteurs de Dieu, ils chantent sa louange ; messagers, ils transmettent la parole divine aux hommes ; guides et compagnons, ils sont un trait d’union entre le ciel et la terre et nous rappellent la dimension spirituelle de l’existence humaine. Sur cette mosaïque, ils jouent le rôle d’intercesseurs, portant la prière de supplication pour les âmes.

LECTURE DE L’OEUVRE

Si nous observons la mosaïque à distance et que nous persistons dans ce regard, nous voyons les petits cubes de pierre juxtaposés dessiner un grand nombre de lignes courbes qui s’entrecroisent et se rejoignent modelant un visage et faisant ressortir ses plis et ses reliefs. Du port de tête de cet ange, se dégage une certaine dignité empreinte de fermeté, un effet atténué par des joues et un cou presque charnus. La couleur rosée, nuancée de la carnation et la rondeur des traits, donnent de l’humanité à cet ange.

Être spirituel par définition, il apparaît ici être de chair. Une certaine disproportion entre le haut et le bas du visage, sans oublier les cernes des yeux, en apportant une touche d’imperfection renforce cette impression d’humanité. La belle ondulation des cheveux retenue par le bandeau sur le sommet de la tête, comme dans les icônes, renforce l’harmonie des traits marqués et bien dessinés, notamment ceux des sourcils arqués et prolongés par les ailes du nez.

Si la bouche suggère une certaine concentration, les lèvres ourlées et fermées sont aussi porteuses d’un silence, empli de la présence divine, au-delà de la parole. Les joues sont gonflées du souffle divin. Les yeux grand ouverts esquissent une sorte de connivence avec l’observateur, et cependant, le regard intense et pénétrant renferme un mystère : l’être est tourné vers l’invisible des choses divines. C’est ainsi que l’ange gracieux s’invite chez nous avec sa part de présence  mystérieuse teintée d’une bienveillance retenue.

ÉCHO SPIRITUEL

Les fragments d’auréoles nous l’indiquent, l’ange est en retrait, entre deux des douze apôtres représentés dans la  mosaïque : sa mission est de les visiter, les inspirer, porter au Christ leur supplication. Comme cet ange, suis-je attentif à mes frères ? Est-ce que, comme lui, je rejoins la prière du Christ portant leurs besoins au Père ?

Pour être pleinement acteur et serviteur dans notre monde, n’ai-je pas à m’ouvrir à cette dimension céleste qui me fait voir toute chose en Dieu ? Contempler la création en son mystère, me sentir interpellé par toute étincelle de beauté, toute recherche de vérité et de bonté, laisser en moi se déployer une bienveillance, un amour universel, voilà une mission pour chacun d’entre nous qui, mystérieusement, humblement nous fera participer avec les anges, à la louange de celui qui est à l’origine de toute chose, à la source de tout amour.

D’UNE ŒUVRE A L’AUTRE

Cette ouverture à la vie de Dieu nous est proposée communautairement, en « Église ». Méditons ce mystère de l’Eglise en nous retrouvant devant un retable du XVe s., représentant la Vierge à l’enfant au milieu des Apôtres.

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