Pendule décorée du combat de Charles Martel et d’Abdérame
Nicolas-Germain CHARPENTIER, d’après Jean-François-Théodore GECHTER – Salon de 1833, fondu vers 1849
« Le salut d’un roi n’est pas dans son armée, ni la victoire d’un guerrier, dans sa force. Illusion que des chevaux pour la victoire : une armée ne donne pas le salut. »
(Psaume 32, 16-17)
ENTRÉE
Qui n’a pas entendu parler de Charles Martel arrêtant les sarrasins à Poitiers en 732 ? A la réalité historique s’est mêlée quantité de récits plus ou moins légendaires ou allégoriques, dont celui narrant le combat avec Abdérame, le roi des Sarrazins.
Le sculpteur Jean-François Théodore Gechter est enthousiasmé par ces gestes médiévales. En 1833, il réalise en plâtre cette scène, et la présente au Salon. Le ministère du Commerce passera commande de l’œuvre en bronze cette fois-ci.
Nicolas-Germain Charpentier (1807-1864) reprend cette sculpture pour la mouler en bronze lui-aussi et la monter en pendule de cheminée, flanquée de deux candélabres représentant des chevaliers en armure.
Ces riches ornements étaient courants en cette deuxième partie du XIXe siècle.
LECTURE DE L’ŒUVRE
La scène oppose deux adversaires : Charles Martel, père de Charlemagne, et Abdérame, roi des Sarrazins. Le premier domine le second. Charles Martel, dont le cheval bondit, s’apprête à assener un coup de massue à son adversaire déjà en peine. Abdérame est, en effet, dominé physiquement par le roi franc. Son cheval semble blessé, déjà couché et prêt à mourir. Le roi des Sarrasins se défend en retenant le bras armé de son ennemi et en essayant de le faire tomber de sa monture.
La base de la pendule est ornée de part et d’autre d’un amas d’armes diverses, probablement celles des victimes de cette bataille, quel que soit leur camp.
Au cœur de ce XIXe s., la France est en pleine expansion coloniale. Tout dans cette œuvre semble exalter la montée de l’Occident, tel le cheval de Charles Martel qui s’élève, s’imposant sur un Orient en déclin. On peut aisément imaginer l’effet symbolique de cette pendule dans l’intérieur d’une demeure bourgeoise de l’époque !
ÉCHO SPIRITUEL
La chrétienté a longtemps vu en Charles Martel stoppant le raz-de-marée de l’expansion musulmane, une sorte de héros par qui débutera la reconquête libératrice. Mais cette logique des affrontements de puissance n’a fait que perpétuer les violences, jusqu’à aujourd’hui… Pourtant l’expérience ne semble pas nous enseigner : nous peinons encore à croire que le secret du bonheur et de la réussite ne passe pas par une domination de l’autre, vu comme une menace potentielle. L’expérience divine de libération, dans la Bible, est celle de la mise en échec de la violence : le petit obtient une victoire inespérée contre le fort. Elle nous invite à considérer l’autre comme un frère à rencontrer !
CONCLUSION
Nous espérons que vous avez apprécié ce parcours dans la Galerie du Temps du Louvre-Lens. En faisant dialoguer ces œuvres d’art avec un verset biblique, en éclairant avec le mystère chrétien les questions d’hommes et de femmes soulevées par les artistes, nous avons esquissé un itinéraire par lequel chaque être humain peut découvrir, personnellement et collectivement, sa route, sa destinée, le sens de sa vie… A chacun de continuer !
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