Portrait de Barbara Juliane von Wietinghoff, baronne de Krüdener (1764-1824), et de son fils Paul (1784-1858) âgé de deux ans
Angelika Kauffmann (Coire (Suisse), 1740 – Rome (Italie), 1807) – 1786
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Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. »
(Livre de la Genèse 12, 1)
ENTRÉE
Originaire de Suisse, Angelika Kauffmann commence très jeune à peindre. Son art se situe entre le classicisme et le sentimentalisme allemand. Elle a 46 ans quand elle réalise ce portrait de Barbara Juliane von Wietinghoff, la baronne de Krüdener, et de son fils Paul âgé de deux ans. Cette jeune aristocrate de 22 ans est mariée à un célèbre diplomate de vingt ans son aîné. Ce mariage, s’il ne lui convient pas d’un point de vue affectif et conjugal, lui permet de poursuivre les nombreux voyages entamés avec ses parents. Cinq ans plus tard, elle reprendra sa liberté. Elle épanouira cette aspiration à la liberté, au rejet des hiérarchies rigides et à un idéal de fraternité égalitaire dans la tradition protestante des « frères moraves ».
LECTURE DE L’ŒUVRE
Dès le premier regard, fraicheur naturelle et douceur émanent de ce tableau : le flou du paysage s’harmonise avec la fluidité des coiffures et la légèreté des robes de mousseline. L’artiste semble vouloir témoigner d’une sensibilité propre à cette Europe insouciante, à la veille des soubresauts révolutionnaires. Nous pourrions en rester à cette exaltation simple des joies de la maternité, si soudain notre esprit ne s’arrêtait, intrigué, à la présence d’un arc et des flèches.
L’enfant porte l’arc. Il semble prendre appui sur la corde tendue, à moins qu’il ne s’entraîne à l’armer. De l’autre côté, sa mère dissimule deux flèches dans sa main droite : craint-elle qu’il ne se blesse ?
Cette scène éveille en nous diverses questions. Nous pourrions presque y voir une allégorie de Vénus et l’Amour apprenant à tendre son arc. Une maman qui connaît la blessure de l’amour ne lâche pas facilement son fils sur ce chemin…
Ou alors, fidèle à la tradition antique où l’apprentissage de la maîtrise de l’arc était un rite de passage pour les jeunes nobles, sommes-nous devant la jeune aristocrate écartelée entre le devoir d’état qui s’impose, et l’aspiration à choisir son propre chemin ?
ÉCHO SPIRITUEL
Ainsi sommes-nous : à nous questionner sur la direction à donner à notre existence. Nous ressentons alors la tension entre le statut dont nous héritons, qui nous invite à une fidélité à la tradition, et l’aspiration à inventer un chemin personnel et original. L’expérience biblique nous apprend que nous ne sommes pas seuls sur notre route humaine. Quelqu’un, mystérieusement, nous accompagne dans notre recherche, n’hésitant pas certains jours à nous surprendre, et d’autres jours à nous rappeler à la fidélité…
D’UNE ŒUVRE A L’AUTRE
Comment saisir le sens de notre chemin de vie ? Comment y discerner l’essentiel, le bonheur ? Partageons la méditation de Claude Marie Dubufe, au moment où il peint sa famille (en 1820).
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